Benjamin Simons – Master Histoire

Benjamin SIMONS  a choisi la filière  histoire après le baccalauréat. Il a obtenu un Master « Histoire des pouvoirs, des appartenances et des transferts »et  s’est ensuite spécialisé dans le secteur du tourisme.  Multi-casquette, il partage avec nous son parcours riche en expériences.


  • Quel  est votre parcours universitaire ?

J’ai débuté mon parcours universitaire à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Limoges en 2008 par une licence d’Histoire que j’ai poursuivie par un Master Histoire des pouvoirs, des appartenances et des transferts dans cette même faculté sous la conduite de Philippe Depreux. Au cours de ma seconde année de Master, j’ai eu l’opportunité de réaliser deux semestres d’échange universitaire Erasmus+ études à l’université d’Aarhus au Danemark. J’ai obtenu mon Master en 2013. Après une année de césure j’ai repris à la rentrée 2014 une licence professionnelle Guide-conférencier à l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand au cours de laquelle j’ai réalisé un stage de cinq mois dans le cadre du programme Erasmus+ stage dans la ville fortifiée de Sibiu en Roumanie. J’ai obtenu mon diplôme et ma carte professionnelle de guide-conférencier en septembre 2015.

  • Pourquoi avoir fait ce choix de cursus ?

A la fin de mes études en lycée général, je me suis retrouvé comme beaucoup confronté à devoir opérer un choix rapide et stressant. A l’époque ma passion se portait davantage sur le numérique et le milieu de l’écriture scénaristique et des jeux vidéos. Le conseiller d’orientation m’a présenté les risques d’un tel choix et au regard de mes capacités en Histoire-géographie, m’a recommandé de m’orienter vers cette filière plus générale et dont les débouchés étaient moins aventureux. J’ai toujours eu un goût prononcé pour l’Histoire mais je ne suis pas entré à la fac de Limoges en pensant que j’y trouverais un intérêt aussi fort.

  • Quels sont vos  retours sur le master ? Son contenu ? La relation avec les enseignants ?

Quand j’ai fait ce Master entre 2011 et 2013, nous avions la chance de fonctionner en petit comité entre étudiants et enseignants. Moi et plusieurs de mes camarades entretenions une proximité et une facilité de contact avec nos directeurs de maîtrise qu’il n’est pas aisé d’avoir dans toutes les universités ou même toutes les filières, même à Limoges. Le fait que le diplôme, axé sur la recherche, permettre réellement de disposer du temps pour effectuer les nombreuses recherches indispensables était un atout précieux qui commençait déjà en 2012 à être menacé par une volonté de « professionnaliser » ce Master. Cela avait pour conséquence de réduire le temps alloué à la recherche, qui était pourtant l’objet principal de ce cursus. En dehors de certaines unités d’enseignement issues de cette volonté, à mon sens superficielle et inaboutie, l’essentiel de l’enseignement était pertinent et de bonne qualité.

  • Quelles sont les compétences / savoir-faire acquis dans le cadre du master ?

La première compétence d’importance acquise au cours de ce diplôme est l’autonomie. La capacité à travailler seul sur un sujet et à mobiliser soi-même les ressources disponibles pour arriver à un travail de recherche cohérent et rigoureux. L’exigence dans la qualité des analyses à réaliser, des questionnements à poser induit aussi l’acquisition d’un sérieux dans sa méthode et arme l’étudiant pour mener à bien par la suite des travaux demandant un bon degré de compréhension et d’analyse critique. L’exercice même de la soutenance de mémoire est une épreuve qui est à mon sens très formatrice pour faire ensuite face aux réalités du monde professionnel. Enfin les capacités de rédaction sont indissociables de ce travail universitaire de recherche historique, c’est quelque chose qui peut être parfois perçu comme un « à côté » du diplôme à proprement parler, mais les compétences rédactionnelles de bon niveau sont aujourd’hui plutôt rares et, contrairement à d’autres enseignements du diplôme, sont des compétences transversales à de nombreux secteurs professionnels.

  • Avez-vous effectué un stage ?

Je n’ai pas effectué de stage pendant mon Master de recherche. J’en ai effectué un dans le cadre de ma licence professionnelle de Guide-conférencier en 2015 dans la ville transylvaine de Sibiu, en Roumanie, en qualité de guide touristique durant cinq mois.

  • Comment s’est déroulé votre insertion professionnelle ? 

Elle ne s’est réellement opérée qu’après ma licence professionnelle de guide-conférencier en 2015. Le Master d’Histoire est principalement envisagé dans la perspective des métiers de l’enseignement, notamment la préparation du CAPES d’Histoire-géographie et l’Agrégation. Quand on fait un choix différent de l’Éducation Nationale ou de l’Enseignement supérieur et la recherche, les voies sont plus tortueuses et demandent de se poser les bonnes questions. C’est à l’issue de cette réflexion que j’ai choisi d’utiliser ce bagage acquis en Master pour m’orienter vers le tourisme, l’obtention de ma licence professionnelle a été d’ailleurs très grandement facilitée par mon Master d’Histoire. C’est ensuite le réseau acquis par ce second diplôme qui m’a permis d’obtenir relativement rapidement un premier emploi dans un château médiéval en Dordogne, pour la saison touristique 2016. J’ai pu mesurer d’ailleurs lors de cette embauche que le Master d’Histoire médiévale disposait d’un certain « prestige » auprès de mes recruteurs.
Même si j’ai consacré une partie de mes étés à des emplois saisonniers (dont guide déjà en 2011) pendant mes études, c’est réellement avec la saison touristique 2016 en Dordogne que j’ai entamé mon parcours professionnel. J’ai pu mettre à profit les compétences acquises à la fois en Master et en Licence professionnelle pour mener à bien mes missions, qui ont été reconduites pour la saison 2017. Par choix personnel, je me suis ensuite relocalisé en Limousin où j’ai travaillé pour un office de tourisme à la mise en valeur d’un château pendant la saison 2018. Toutefois, ne trouvant pas réellement d’équilibre entre des sites où la fréquentation touristique rend l’exercice du métier de guide-conférencier proche d’un travail industriel et des sites où l’absence de fréquentation touristique questionne sur la viabilité de l’activité, j’ai fait le choix de faire une pause pour la saison 2019. Je me suis alors recentré sur mes implications associatives, là encore un milieu que j’avais découvert pendant mes études à Limoges. A ce jour je n’ai pas repris l’activité de guide-conférencier mais je travaille à changer cela en créant ma propre activité indépendante.

  • Votre métier actuel ? En quoi consiste-t-il au quotidien ? Quelle est une journée type ?

Il serait très compliqué de faire cela !

Je vis dans un territoire qu’on appelle de nos jours « ultra rural », où par essence les emplois salariés sont rares et dispersés, dans l’espace notamment. J’oscille donc actuellement entre deux activités salariées, des contrats à durée déterminée et à temps partiel, qui relèvent de champs professionnels différents : l’administration associative liée à la rénovation énergétique des bâtiments et le secteur médico-social lié à la prise en charge du handicap.
Par ailleurs mes fonctions d’élu communal et intercommunal m’obligent à une disponibilité en semaine pour à la fois du travail de fond, des tâches liées à l’actualité du moment (la gestion de la crise sanitaire par exemple) et des rencontres de différents acteurs du territoire.

Par conséquent, aucune de mes semaines ne se ressemblent, c’est pour moi d’ailleurs une certaine satisfaction que ce changement perpétuel. Je pense que ça correspond à une partie de mes exigences en matière professionnelle en ce moment : casser un rythme de travail trop cadré.

  • Quels sont, selon vous, les liens entre entre vos  études  et votre parcours professionnel ?

Il serait faux de dire qu’elles sont évidentes. Le secteur médico-social par exemple ne requiert quasiment aucune compétence « de fond » acquise durant mon Master. Toutefois l’autonomie, la rigueur, l’esprit critique, les compétences rédactionnelles sont des compétences transversales qui me permettent à la fois de postuler et d’assumer des postes administratifs mais aussi de remplir mes fonctions d’élu local avec un certain confort. Qui plus est, tout ne se mesure pas en termes d’employabilité des compétences : réaliser ce Master de recherche à Limoges était pour moi une suite logique de ma licence, ne pas le faire aurait eu un goût d’inachevé. Ces compétences et connaissances acquises pendant un diplôme forment aussi la personne et sa manière de penser la société et le monde qui l’entoure.

  • Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants et étudiantes de master ?

Dans un monde qui change constamment, où les perspectives professionnelles évoluent très vite et où parfois des pans entiers de l’économie peuvent s’écrouler en entraînant avec eux les emplois qui y sont liés, bien souvent des emplois qui seront occupés par les plus jeunes, il convient de ne pas trop attendre de son diplôme.
L’époque qui associait diplômes et meilleurs salaires est révolue.
On nous demande de savoir plus, de parler plus de langues, de pouvoir être flexibles, diversifiés dans nos compétences, nos horaires et nos modes de travail pour des propositions salariales ou des statuts d’emplois précaires et fragiles. Ce constat étant posé, il convient de se demander ce que l’on attend de son futur emploi, ou de son diplôme. Avoir un niveau d’exigence générale élevée est à mon sens une bien meilleure option que de trop se penser « spécialisé », de trop se bloquer sur un métier, un emploi, un poste : il n’existera peut-être plus demain.

Je conseillerais donc aux étudiants de Master de bien considérer où se situe leur envie d’apprendre, de questionner ce qui fonde leur choix d’aller dans telle ou telle filière, de profiter des opportunités d’échanges, de rencontres et de découvertes qu’offre ce moment particulier qu’est l’Université et enfin d’être optimiste pour l’avenir car ce sont les étudiants d’aujourd’hui qui le façonnerons.