Claire Varnoux – Master Management Interculturel

Claire Varnoux, 26 ans
Master Management Interculturel
Chargée de projets nature pour les Scouts et Guides de France


Quel est votre parcours universitaire ?

J’ai obtenu une licence de sociologie à l’Université de Limoges en 2015. J’ai ensuite commencé un Master de Sciences Politiques à La Sorbonne qui ne me correspondait pas pour diverses raisons. Je l’ai donc arrêté au premier trimestre et j’ai fait un Service Civique pour l’association Jaccede.com. J’ai ensuite repris mes études dans le master LEA Management Interculturel à Limoges.

Pourquoi ce choix de cursus ?

En terminale, j’ai passé le concours pour entrer en école d’éducateur spécialisé mais je n’ai pas été retenue. J’ai choisi une licence de sociologie, car cela me semblait être un bon moyen pour me préparer aux concours, en comprenant un peu mieux les questions sociales. Je me suis rendu compte que la sociologie me plaisait beaucoup car elle donne une culture générale, une meilleure compréhension des relations humaines et du fonctionnement des sociétés. J’ai aussi réalisé que le métier d’éducatrice spécialisée ne me convenait pas complètement. J’ai donc décidé de faire toute la licence de sociologie.

En parallèle de mes études, j’ai beaucoup voyagé, notamment pour des engagements bénévoles chez les Scouts et Guides de France. A la faculté, j’ai été tutrice pour les étudiants internationaux et je me suis beaucoup impliquée dans leur accueil et leur intégration à l’université et à Limoges. Toutes ces expériences m’ont fait découvrir la richesse des rencontres internationales et m’ont donné envie d’orienter mes études vers ce domaine.

Ayant une licence de sociologie, j’avais peur de ne pas me trouver très à ma place dans un master LEA, j’ai donc choisi un master de Sciences Politiques pour me spécialiser en relations internationales. Je me suis rapidement rendue compte que ce master était trop théorique pour moi et j’ai trouvé la Sorbonne très fermée et très élitiste. J’ai donc fait le choix d’arrêter mes études en novembre et de consacrer le reste de mon année à un service civique. Ce service civique n’avait aucun rapport avec mes études puisque je travaillais sur les questions d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite mais il m’a donné un aperçu du monde professionnel et du travail dans le milieu associatif.

J’ai repris mes recherches de master et j’ai décidé de postuler au master LEA Management Interculturel de Limoges. J’avais fréquenté des professeurs et des étudiants du master dans le cadre de l’accueil des étudiants internationaux donc j’ai pu échanger avec eux au cours de mes recherches. La dimension professionnelle semblait répondre à mon envie de ne pas avoir un master uniquement théorique.

C’est un parcours atypique mais la sociologie m’a beaucoup aidé sur tout ce qui concerne les relations et la psychologie interculturelles. J’avais un bon niveau en anglais par toutes les expériences que j’avais vécu à l’international et en prenant des options en anglais en licence et j’avais pris des cours d’espagnol pendant mon année de service civique. Finalement, c’était sur les questions techniques (comptabilité, marketing…) que j’avais un peu de retard mais j’ai rapidement su m’adapter.

Quels retours avez-vous sur le master ? Son contenu ? La relation avec les enseignants ?

J’ai trouvé ce master parfois trop axé sur la linguistique. C’est un master LEA donc c’est normal d’avoir beaucoup de langues mais j’aurais aimé qu’on nous enseigne davantage les langues par des mises en pratique, des projets interculturels que par des cours de traduction. Dans un contexte professionnel, on fait des erreurs de grammaire, de syntaxe… mais le tout est de réussir à se comprendre et à travailler ensemble. Dans le master, j’ai parfois eu l’impression qu’on nous incitait davantage à maîtriser parfaitement une langue qu’à être à l’aise pour l’utiliser dans un contexte social ou professionnel.

Les interventions des professionnels étaient intéressantes. Elles nous donnent des connaissances théoriques et pratiques utiles à notre parcours professionnel. Les professionnels nous donnaient une idée de leur métier et des différents milieux professionnels dans lesquels nous pourrions travailler.

Les stages et la possibilité de faire Erasmus sont des gros atouts de ce master selon moi. Ils permettent de mettre en pratique nos connaissances linguistiques, interculturelles. Ils permettent aussi d’acquérir des compétences et des attitudes professionnelles. C’est un vrai atout pour s’insérer ensuite dans le milieu professionnel.

Sur la vie du master, je pense avoir un regard un peu différent des autres étudiants et étudiantes parce que j’étais en lien avec des professeurs et des anciens étudiants par le tutorat d’étudiants internationaux et aussi parce que j’ai participé à la création de LISA, une association pour l’accueil des étudiants internationaux. Ça m’a permis de ne pas m’enfermer dans le master mais d’avoir des relations avec d’autres étudiants par le réseau associatif.

Ce que j’ai apprécié aussi c’est que les professeurs et même les intervenants étaient assez accessibles. Nous sommes des petites promos et la faculté est à taille humaine donc c’est plus facile d’entretenir des relations un peu plus de proximité avec les professeurs et le personnel administratif.

Une chose à améliorer dans les relations, je pense que ce serait les relations entre les deux masters pour que les M2 puissent partager leurs expériences avec les M1 et créer une meilleure cohésion au sein du master.

Quelles sont les compétences / savoir-faire acquis dans le cadre du master ?

Toutes les compétences acquises dans le cours de ressources humaines sont très utiles. Elles m’ont beaucoup aidé dans la recherche de mon stage puis d’un emploi. Récemment, j’ai fait passer des entretiens de recrutement pour un service civique et même si ce n’est pas la même démarche que pour un salarié, j’ai pu m’appuyer sur les simulations d’entretiens que l’on avait fait en cours de RH.

Selon moi, il n’y avait pas assez de cours sur la gestion de projets pures alors que plusieurs étudiants aspiraient à faire de la gestion de projets. Mais les cours de marketing ou sur les projets européens nous ont quand même donné des éléments dans ce domaine.

Ce qui m’a beaucoup apporté en gestion de projets, ça a été de faire partie d’associations étudiantes. Je devais recruter et motiver des personnes pour s’impliquer dans l’association. On devait communiquer sur nos projets auprès des étudiants, de l’administration de la fac, démarcher des partenaires, collaborer avec d’autres associations. C’est quelque chose qui m’a apporté beaucoup et qui pour moi fait pleinement partie de mon cursus universitaire.

Il y aussi des connaissances basiques en communication que j’ai acquises dans différents cours, notamment des cours de langues, qui me sont utiles aujourd’hui.

Il y a aussi beaucoup de “soft skills” que l’on peut développer dans certains cours comme le travail en équipe, la communication interpersonnelle ou la gestion du temps. Les cours de théories interculturelles et de psychologie interculturelle par exemple ont pu nous apporter cela.

Avez-vous effectué un stage ? Si oui, où ?

Au deuxième semestre, j’ai fait un séjour Erasmus à Milan car je n’avais pas eu l’occasion de vivre cette expérience pendant ma licence.
J’ai effectué mon stage de fin d’étude chez les Scouts et Guides de France, l’association dans laquelle je travaille toujours actuellement. Mes missions étaient autour de la francophonie. Le scoutisme est un mouvement mondial avec des associations scoutes dans plus de 170 pays. Je travaillais sur le partage de ressources (programmes d’activités, formations…) entre les associations scoutes de pays francophones et sur des plaidoyers pour le plurilinguisme dans les organisations scoutes internationales. J’ai aussi travaillé sur la promotion d’un événement de formations auprès d’institutions locales (Union africaine, CEDEAO, Alliance française…) et j’ai participé à l’une de ces formations, en Côte d’Ivoire avec plus de 150 personnes d’une vingtaine de pays francophones.

J’ai aussi travaillé sur un événement national de l’association qui a réuni environ 400 personnes sur les questions d’éducation, en parallèle de l’Assemblée Générale de l’association.

Comment s’est passée votre insertion professionnelle ?

Le plus difficile était de savoir ce que je voulais faire. A la fin de mon stage, j’ai commencé une formation à distance pour enseigner le français langue étrangère mais je voulais travailler en parallèle. Je ne savais pas du tout dans quel domaine, ni comment y accéder. Pendant mon stage, un poste s’est libéré comme Chargée d’accueil et de services dans l’association où j’étais. J’ai passé un entretien et j’ai pris mon poste une semaine après la fin de mon stage. Ce poste me permettait de rester dans un environnement de travail agréable avec des collègues que j’appréciais et me laissait du temps pour faire ma formation à distance.

Après mes études, je n’ai donc pas eu à chercher activement un travail et je n’ai pas été confrontée aux difficultés de l’insertion professionnelle.

Quel est votre parcours professionnel ?

Après mon stage, j’ai travaillé pendant environ un an comme chargée d’accueil et de services. Je faisais l’accueil physique et téléphonique, je gérais le courrier et la réception des livraisons. Il y avait aussi toute une dimension d’assistanat avec l’organisation de réunions et d’événements pour lesquels je devais réserver des traiteurs, des salles, des logements… L’assistanat consistait aussi en une aide pour des tâches administratives en fonction des besoins des différents services.

Ce poste était très éloigné de ma formation mais j’aimais me sentir utile au bon fonctionnement de la structure. J’ai découvert les rouages du fonctionnement d’une association et j’ai eu l’occasion de travailler avec quasiment tous les salariés. J’y ai aussi développé des compétences qui peuvent m’être utiles dans la gestion de projets comme le suivi budgétaire et la relation avec des prestataires. Enfin, j’y ai développé beaucoup de rigueur et de patience, j’ai appris à anticiper les besoins des uns et des autres.

Au bout d’un an, j’ai décidé de trouver un travail plus en lien avec mes études et plus stimulant. J’avais finalement renoncé à l’enseignement du français et j’aspirais à faire de la gestion de projets dans le milieu associatif. J’ai alors commencé à travailler comme chargée de projets nature, toujours chez les Scouts et Guides de France. Cela fait un peu plus d’un an que je suis à ce poste.

Quel est votre métier actuel ? En quoi consiste-t-il au quotidien ?

Je suis chargée de projet nature, je travaille dans le département en charge du développement des programmes pédagogiques des Scouts et Guides de France.

Mon rôle est d’aider les équipes de bénévoles à mettre en place leurs projets sur l’éducation à la nature et sur l’éducation à l’environnement. Je fais le lien avec les équipes des autres départements (communication, formation…) pour faciliter le travail sur les différents projets m’assure qu’il y ait une cohérence sur ces thématiques. Je suis aussi en charge des partenariats éducatifs sur ce sujet.
Au quotidien, je travaille sur des outils pédagogiques et sur des projets en lien avec la nature. Je réponds aux sollicitations des équipes bénévoles, je les aide aussi sur la méthodologie de projets. Je suis en lien avec nos partenaires. Salon les besoins et les actualités de l’association, je participe parfois à l’organisation d’événements pour les équipes travaillant sur les programmes éducatifs et pédagogiques et parfois sur des événements nationaux comme nos Assemblées Générales.

Pourriez-vous nous décrire une journée type ?

Pour être honnête, lors d’une journée classique je passe beaucoup de temps derrière mon ordinateur !

Le matin, je prends le temps de répondre aux sollicitations des bénévoles, parfois sur des projets sur lesquels on travaille ensemble, parfois sur des questions plus méthodologie de suivi de leurs actions. Ensuite, je travaille à la rédaction d’un outil sur les fondamentaux du scoutisme qui doit sortir en mai. Parfois, j’ai des réunions avec des partenaires comme la Fête de la Nature, le label Église Verte ou l’Office Français de la Biodiversité.

L’après-midi, j’ai souvent des réunions avec des collègues sur divers projets ou je travaille seule. Je peux travailler par exemple sur l’organisation d’événements pour l’association, sur des outils de communication, des formations ou des activités clés en main.

Comme je travaille avec des bénévoles, j’ai aussi souvent des réunions en soirée pour échanger sur des sujets de fond et l’actualité de l’association. Et parfois le week-end je participe à des événements pour les responsables bénévoles de l’association pour échanger sur des thématiques, les former ou pour des moments de vie démocratique de notre association comme l’Assemblée Générale.

Quels liens entre les compétences acquises pendant le master et votre travail actuel ?

Alors dans mon travail je n’utilise pas ou très peu les langues. Le scoutisme est un mouvement mondial donc je peux travailler sur des documents en anglais ou participer à des événements/formations internationaux mais j’ai beaucoup perdu l’aspect international de mon master.

J’utilise des connaissances en gestion de projets ou en communication que j’ai acquis pendant le master. J’utilise beaucoup toutes les compétences rédactionnelles, d’analyse et de synthèse acquises en sociologie et en master.

Tout le travail fait en équipe en master à aussi été très formateur et m’est très utile au quotidien.

Des conseils pour les futurs étudiants de master ?

En premier lieu, je dirai : soyez curieux ! Rencontrez des gens de différents domaines, posez des questions aux professionnels que vous rencontrez sur leur métier, leur quotidien. Cela vous donnera une idée des possibilités qui s’offrent à vous et vous aidera à mieux identifier ce qui vous intéresse.s Qui sait, cela vous donnera aussi peut-être des opportunités de stages ou d’emplois…

Le deuxième, un peu en lien avec le premier, c’est : engagez-vous dans des associations. Souvent, vous aurez l’occasion d’acquérir ou de mettre en œuvre des compétences très concrètes qui seront un atout quand vous commencerez à travailler. En plus de cela, si vous rejoignez une association étudiante vous rendrez votre vie étudiante beaucoup plus riche, vous rencontrerez des personnes d’autres parcours et vous vivrez de supers moments.

Le dernier, c’est : faites-vous confiance ! Ce n’est pas facile de trouver un stage ou un emploi, surtout en ce moment, mais vous finirez par trouver un emploi qui vous plaît.